Icogne au parfum méditerranéen
Passionné par la Provence, Jean-Michel a transmis la passion des plantes à son fils Guillaume, qui recueille aujourd’hui savamment la «substantifique moëlle» de ses cultures: «Nous dévoilons ce que cache en elle la plante.»
Dans un petit coin de verdure rimbaldien se love une distillerie entourée de cultures certifiées BIO de plantes médicinales aromatiques et plusieurs espèces sauvages dont les huiles essentielles ravissent les sens. Guillaume Mayor nous a dévoilé les arcanes de l’alambic l’Essencier, tout en préservant ses secrets de fabrication.
Lorsqu’on pénètre dans le domaine de l’Essencier à Icogne, nos sens s’éveillent… les parfums de lavande, mélisse, hélichryse immortelle, camomille romaine, hysope ou arolle nous plongent dans un monde de douces réminiscences, de souvenirs d’enfance soyeux, de rencontres enchanteresses, de paysages savoureux….L’évasion nous guette en effet , attirante et envoûtante, dans la distillerie d’huiles essentielles de l’Essencier. Surplombant la vallée du Rhône, rive droite, un lieu-dit «Monteiller», en aval du village d’Icogne, « au croisement des bisses ancestraux qui permirent le miracle de la culture en acheminant l’eau des glaciers vers les prés des hommes et des bêtes»…C’est dans «cette cuvette au climat incomparable, protégée des gels» que prit forme, en 1953, l’exploitation agricole de la famille Mayor. En 1997, Jean-Michel, en pionnier, décide d’orienter clairement l’exploitation vers la culture BIO de plantes médicinales, collaborant avec la Coopérative Valplantes, à laquelle il livre intégralement ses récoltes. Dès les années 2010, alors que la troisième génération, Guillaume, rejoint l’équipe en place, un projet prend forme: la construction d’une distillerie d’huiles essentielles. 2014 sera l’année de la première pierre, et 2015 celle des premières distillations.
«Ce n’est pas une science exacte!»
18 sortes de plantes sont cultivées sur 4 hectares, qui sont livrées à Valplantes et Ricola. «Ici, elles bénéficient du climat contrasté mais particulièrement ensoleillé de l’adret valaisan, étonnement apparenté au climat méditerranéen. Nous récoltons également plusieurs espèces sauvages typiques des prairies, lisières et alpages de la région (achillée, millepertuis, arnica, absinthe, pâquerettes, genévrier…).» Les sauvages et les résineux quant à eux sont utilisés pour la fabrication d’huiles essentielles. Depuis deux semaines, Guillaume a en effet recommencé à distiller, actuellement de l’arolle, dont il n’a gardé que les aiguilles qui donneront le parfum final à l’huile en fonction de l’âge de l’arbre, de l’altitude à laquelle il a poussé. «Ce n’est pas une science exacte, c’est comme pour les vins, cela dépend de beaucoup de paramètres.» La semaine passée, il a recueilli des branches de pin et de mélèze. «Cela varie en fonction des coupes», explique Guillaume qui travaille en collaboration avec les triages forestiers locaux pour la coupe des résineux indigènes (pins, sapins blancs, épicéas, arolles, mélèzes).
Les cultures certifiées par BIO Suisse et parfaitement adaptées aux conditions particulières d’une exploitation de moyenne montagne située sur une ancienne moraine glacière, à 1000 m d’altitude sont réparties en petites parcelles occupant près de trois hectares du domaine et donc très favorable à la culture de nombreuses plantes médicinales aromatiques, plus spécifiquement celle des thermophiles tels que thyms, origans, sarriettes, sauges…
Une histoire de densité
L’alambic accueille 500 kilos d’aiguilles qui donneront dans le cas de l’arolle-le plus généreux- 1,9 kilo d’huile essentielle. «En comparaison, l’épicéa donne un demi-litre seulement.» Une cuvée chauffée au feu de bois dure de 1 à 3 heures, durant lesquelles intervient le processus d’évaporation-condensation assuré par l’alambic qui permet à la vapeur de se charger de l’huile jusqu’au refroidisseur, puis recueillie par l’essencier. L’huile est séparée de l’hydrolat par la différence de densité.
Après une phase de décantation et de filtration, c’est le moment de la mise en bouteille dans de grandes bouteilles en verre dans lesquelles le liquide restera au repos pendant 3 à 4 mois. La «substantifique moëlle» des plantes et arbres recueillie savamment par «l’alchimiste des lieux» se retrouve dans tous les produits que propose la famille Mayor dans la boutique située dans le même bâtiment que la distillerie : huiles essentielles, hydrolats, sprays d’ambiance, huiles végétales de soins, infusions, cosmétiques, livres, coffrets, diffuseurs, idées cadeaux prêtes à vous enivrer…
Romy Moret
source : www.toutuncanton.ch
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